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Tanka, 1.

lundi 9 décembre 2019, par Robert Vigneau

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Tanka 1…

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Je m’étonne sans cesse que le plus complet, le plus exact ouvrage sur les techniques de la poésie française ne figure pas sur les rayons de toute bibliothèque publique ni scolaire ni même souvent sur l’étagère de tout amateur éclairé.

Jacques Charpentreau y définit ainsi le TANKA :

"Poème japonais de cinq vers de 5,7,5,7,7 syllabes . Les trois premiers vers constituent un haiku (ou haïkaï) auquel s’ajoutent deux heptasyllabes. Cette forme japonaise a été introduite dans notre poésie au XXe siècle, bien que le français ne soit pas une langue monosyllabique. Ce genre participe à une recherche de concision, à l’image de la poésie asiatique, sous des influences diverses."

En fait, je n’ai jamais rencontré de tanka qui m’ait emporté d’émotion… Je les trouve toujours un peu scolaires, voire même souvent bêtassons…

Il existe sur l’archipel nippon plusieurs guildes pratiquant le tanka où j’ai pu estimer l’enthousiasme de mes initiateurs. Habiles, savants … Mais le cœur ?

Cet aspect n’est-il pas dû au fait que nos prosodies différent amplement ? Manifestement tanka ou haïku, ces formes ont été introduites chez nous par des amateurs assez ignorants de la langue japonaise !

De plus, je ne vois aucune raison de m’extasier sur la rigueur d’un tanka alors que d’autres formes japonaises, surtout impaires elles aussi, me semblent nourries d’émotion. Exemple ? Cet aveu lapidaire de la main de Mitsuo Aïda sur le rythme 5,3,3,4,3 - donc :

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Vous lirez ainsi chaque syllabe (en hiragana) de ce poème, ligne à ligne de haut en bas et de droite à gauche :

Shi a wa sé wo

I tsu mo

Ji bu n’ no

ko ko ro ga

Ki mé ru.

(la dernière ligne est la signature de l’artiste, en quatre caractères : mi.tsu.o/mi…)

et vous transposerez l’ensemble à peu près ainsi en français :

Le bonheur, (c’est)/ toujours /son propre /cœur (qui)/ en décide.

Or cette formulation française me parait redoutable de banalité, limite poncif expédié avec superbe par un bêcheur un peu juste… alors que les mots japonais chantent vraiment en moi comme le soupir d’une créature résignée à son sort fait de blessures. Attrait de l’exotisme dont je me berne ?

Et si, en mon jargon spontanément binaire, j’essayais la composition du tanka ? Pour voir ? A demain !