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La pomme de terre en bonheur d’avril…

jeudi 31 mai 2018, par Robert Vigneau

Depuis plus de trois décennies, je compose un calendrier de MES boissons ou nourritures pour présenter les vœux de saison aux francophones en mon cœur. Ces douze quatrains, un par mois, célèbrent des parentèles ou des événements privés, lointains, parfois même si personnels qu’ils ont pu sembler obscurs aux récipiendaires.
En contrition, voici quelques précisions ou détails, souvent d’ordre intime ou familial, susceptibles d’éclairer le contexte de ces confidences. Et puis, ça me fait plaisir de raconter ces bribes. Cette fois, il s’agit de mes pommes de terre, calendrier paru à la germination de 1997.


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Increvable pomme de terre d’avril
 
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Quoi ? Raper la pomme de terre…
 
Adèle inventait de ces plats !
 
Jetée tout cru dans la soupière,
 
Pire encor que le tapioca.

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Adèle, cette grand-mère de substitution, si aimante pour ses petits-enfants que nous n’étions pas, entendait nous offrir le meilleur. Ainsi le tapioca.
- Encore une invention parisienne ! se moquait pépé snobé par sa compagne, secrètement ravi.

Et c’était assez vrai : dans notre si modeste milieu provençal, les métamorphoses du manioc n’avaient pas encore pénétré les assiettes. Et nous détestions ces trucs exotiques vaguement gluants qui encombraient les soupes sous son nom tropical.

Puis, quand la guerre nous débarrassa du tapioca, Adèle râpa crue une pomme de terre pour épaissir le potage, à notre étonnement puéril : que n’allait-elle pas inventer pour varier les menus ?

Nous étions alors incapables d’imaginer les promesses des rösti et autres râpés…

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Autre chose qui n’a rien à voir. Comme nous parlions de son prophète chamelier obsédé par les poils, Mahmud me demande :

Respirer, inspirer en son corps, au profond de ses poumons un air étranger à son corps, n’est-ce pas rompre le jeûne sacré de ramadan ?

Hé, comment est-ce possible ? Jésuites, affutez vos arguties !